FOX News : Health

25 June, 2011

Preah Vihear : l'envers du décors

Preah Vihear : l'envers du décors

Gavroche, 24.6.11
http://www.gavroche-thailande.com/actualites/societe/1650-preah-vihear-l-envers-du-decors

La multiplication des affrontements militaires meurtriers autour du temple frontalier n'est pas seulement le résultat d'une historique dispute territoriale. Elle illustre aussi la collison des ambitions opposées de Bangkok et Phnom Penh, matinées de contentieux affairistes.

Publiés le 24 avril dans la presse siamoise, les clichés montrant d’un coté l’envoi de renforts thaïlandais dans les districts frontaliers de Surin, et de l’autre les batteries cambodgiennes de missiles Katyousha font réfléchir. 

S’agit-il, entre deux pays voisins membres de la même organisation régionale – l’Asean – d'une situation normale ? Est-ce juste la preuve que, de part et d'autre, le nationalisme débridé des généraux l’emporte sur les diplomates et les juristes ? Négatif. 

Ce qui se passe depuis des mois à cette frontière khmérothaïlandaise est la preuve que la crise engendrée par la dispute territoriale autour du temple de Preah Vihear n’est plus une succession « d’incidents » ou de rodomontades galonnées, mais bel et bien une bataille rangée entre Bangkok et Phnom Penh autour d'une conception erronée et fétide de la souveraineté, attisée sans doute par des contentieux affairistes locaux. 



Tout, en effet, remonte à la surface à la faveur des meurtriers duels d'artillerie : l’antagonisme historique, les clichés populistes, les frustrations politiques et l’opposition irréductible d'une partie des élites au pouvoir. Il n’est plus rare, désormais, d’entendre des responsables thaïlandais parler du « Khmer rouge Hun Sen », qualifié au passage « de paysan assassin ». Une accusation pour le moins cynique de la part d’une administration thaïe qui apporta si longtemps son soutien aux fidèles de Pol Pot... La symétrie, coté Cambodgien, voit proliférer à Phnom Penh les accusations contre les « exploiteurs » et les « maquereaux » siamois accusés, pêle-mêle, de faire suer le burnous aux clandestins khmers et d’attirer leurs femmes dans les filets de la prostitution. Les clichés outranciers, sur fond de gesticulations kaki, deviennent des lieux communs. 


Le temple de Preah Vihear et la délimitation controversée de la Cour internationale de justice ne sont finalement plus le sujet. L’Unesco a d’ailleurs fait des propositions. Son ancien directeur général, Koïchiro Matsuura, spécialement chargé de cette affaire par sa successeure, la bulgare Irina Bokova, pourrait fort bien assurer une médiation avantageuse pour les deux pays. « La sauvegarde culturelle et l’exploitation historique conjointe de ce site par les autorités thaïe et cambodgienne seraient un formidable symbole », nous confiait récemment cette dernière. 

L’agence culturelle de l’ONU serait prête à faire beaucoup plus si l’opportunité lui était donnée. Son label « Patrimoine mondial » pourrait par exemple être attribué à une fondation binationale, dirigé par une présidence tournante et un comité scientifique paritaire. Folie ? « Des solutions existent, nous a plusieurs fois répété Irina Bokova. Cela aurait, en plus, une formidable valeur d'exemple ». 

Impossible, malheureusement, de concilier une telle approche avec la surenchère actuelle, sur fond de « souveraineté » bafouée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : souveraineté d'un État thaïlandais qui se prétend moderne mais reste obsédé par les concessions territoriales d’antan contre souveraineté d’un État cambodgien prédateur pour qui seuls valent les rapports de force. 



La bataille s’incarne en plus pile dans les hommes  

Abhisit Vejjajiva, technocrate occidentalisé pétri d’arrogance aristocratique contre Hun Sen, despote affairiste habitué à négocier des compromis l’arme au pied. Idem pour les forces en présence : une armée thaïe pressée de défendre le peuple du nord-est déshérité dont elle a, à Bangkok, traqué, arrêté et parfois liquidé les porte-paroles en « chemises rouges », face à une armée khmère peu économe de ses soldats et habituée à tirer avant de négocier. 

Moralité : l’antagonisme frontalier, avec ce qu’il réveille de ressentiments enfouis et de revendications mal assumées, sert les intérêts des deux gouvernements qui s’accommodent fort bien des souffrances infligées aux populations locales. Rien de tel, dans une Thaïlande politiquement et géographiquement divisée, qu’une opération musclée de police aux frontières pour démontrer aux paysans de l’Isan, entre Buriram, Surin et Ubon Ratchathani, que l’administration de Bangkok veille sur eux. Rien de tel, dans un Cambodge géré par un Premier ministre accusé de se comporter comme un parrain mafieux, qu’une bonne occasion pour celui-ci de réaffirmer sa force. Le reste, du coté des districts frontaliers de Surin où casinos et marché noir prolifèrent, rime sans doute avec rivalités sonnantes et trébuchantes. Entre la Thaïlande et le Cambodge, la guerre pour Preah Vihear reflète l’envers du décor.


Richard Werly

No comments:

សារព័ត៌មានអន្តរជាតិInternational News

BBC News - US & Canada

CNN.com - RSS Channel - HP Hero

Top stories - Google News

Southeast Asia Globe

Radio Free Asia

Al Jazeera – Breaking News, World News and Video from Al Jazeera

NYT > Top Stories

AFP.com - AFP News

The Independent

The Guardian

Le Monde.fr - Actualités et Infos en France et dans le monde

Courrier international - Actualités France et Monde